20 semptembre 2016
Depuis sa ville de Rosario, au nord de Buenos Aires en Argentine, Victor Buso, astronome amateur, étrenne un tout nouveau
télescope de 40 centimètres de diamètre avec appareil photo.
Pour faire ses premiers clichés, il choisie la galaxie NGC 613,
située à environ 80 millions d'années-lumière de la Terre,
dans la constellation du Sculpteur.
Inouïe découverte !
Il remarque qu'un point faible apparaît dans la constellation australe du Sculpteur. Intrigué, il reste à l'observer et, à sa grande surprise, voit la luminosité de l'objet s'intensifier. En moins d'une demi-heure, celui-ci multiplie en effet sa luminosité par trois. Un ovni ? Mieux que cela : Victor Buso est en train d'assister en direct à l'explosion d'une étoile, la naissance d'une supernova. Un tel événement ne s'était pas produit depuis 1987 et la naissance de SN1987A découverte par le Canadien Ian Sheldon.
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Le 20 septembre 2016, l'Argentin
Victor Buso, astronome amateur,
assiste en direct à la naissance
d'une supernova.
Une étoile massive vient d'y vivre ses dernières heures dans la galaxie NGC 613, et dans une explosion cataclysmique connue sous le nom de supernova.
Les phénomènes qui accompagnent la mort d'une étoile sont très violents car, selon la théorie, la matière composant l'astre est éjectée à des vitesses de plusieurs milliers de kilomètres par seconde. Du fait de l'incroyable quantité d'énergie libérée, l'événement brille énormément et peut être visible depuis la Terre.
Mais le phénomène est rare et surtout imprévisible. Les astronomes le détectent généralement après plusieurs jours et jamais à son début, comme a eu la chance de le faire Victor Buso.
Cette découverte a ensuite attiré l'attention d'une équipe de chercheurs du Conicet (Conseil national de recherche scientifique et technique) en Argentine. Cette supernova (étiquetée SN 2016gkg) est située à environ 65 millions d'années-lumière de la Terre, au sud du coeur de la galaxie NGC 613. La chercheuse argentine Gloria Dubner décide alors de coordonner toutes les technologies actuelles pour l'observer simultanément dans diverses longueurs d'onde.
Vont être mobilisés le radiotélescope américain de 27 antennes au Nouveau-Mexique (Very Large Array), et deux télescopes spatiaux de la Nasa : Hubble pour la lumière visible et le proche infrarouge et Chandra pour les rayons X. Ils ont également utilisé ensuite les données enregistrées par l'observatoire spatial européen en rayons X XMM-Newton. Les scientifiques argentins ont notamment obtenu une image radio d'une qualité jamais atteinte. Ils ont ainsi constaté que les rayons X ne se comportaient pas comme les ondes radio et qu'il devait y avoir des particules d'énergies différentes dans la nébuleuse crée par l'explosion violente de l'astre. Certaines atteignent presque la vitesse de la lumière.
Grâce aux toutes premières observations obtenues dans les premières heures de l'événement, les chercheurs ont pu comparer l'augmentation de luminosité de la supernova avec leurs modèles numériques. Ils ont pu vérifier que le puissant flash de lumière originel est dû à l'onde de choc qui émerge de la surface stellaire. Et que les modèles théoriques permettaient de prédire parfaitement le comportement d'une étoile géante en fin de vie. Les scientifiques ont également observé que le champ magnétique résiduel de la supernova a une topologie très similaire à celle des éruptions solaires, bien que beaucoup plus énergétique. Ce comportement, prédit depuis longtemps, n'avait jamais été observé jusqu'à présent.
Une supernova, c'est l'ensemble des phénomènes qui résultent de l'implosion d'une
étoile en fin de vie,
Cette explosion est gigantesque, cataclysmique et s'accompagne, pendant un temps,
d'une lumière qui peut briller plus vivement qu'une galaxie entière composée de centaines
de milliards d'étoiles. Tout ceci se situe, bien évidement, en dehors du Système
solaire.
en savoir plus sur les supernovas
Selon l'étude publiée dans la revue britannique Nature, les nouvelles données recueillies
permettent de mieux comprendre la structure physique de l'étoile juste avant sa disparition
et la nature même de l'explosion.
L'équipe a pu évaluer que la masse initiale de l'étoile était environ 20 fois la
masse du Soleil.
Les chercheurs ont également pu observer une augmentation spectaculaire de la luminosité
de la supernova, «en moins d'une demi-heure, l'objet avait multiplié sa luminosité
par 3», selon un communiqué de l'Université française Paris Diderot.
Ce qui pourrait correspondre à l'émergence d'une vague lumineuse, une onde de choc
explosive à la surface de l'étoile, déjà prédite par des modèles mais jamais observée.
«L'onde de souffle de l'explosion émerge de la surface stellaire, après avoir traversé
l'intérieur de l'étoile de façon supersonique. A ce moment précis, une énorme quantifié
de lumière est violemment libérée dans un flash lumineux», précise le communiqué.
Victor Buso n'avait «qu'une chance sur 100 millions» de voir ce spectacle, souligne
Melina Bersten de l'Institut d'Astrophysique de La Plata en Argentine, qui a également
participé à l'étude.
L'extraordinaire cliché de l’explosion d’une étoile massive arrivée en fin de vie
par l'apparition d'une supernova (ci-dessous, entourée d'un cercle rouge). Victor
Buso, depuis son observatoire situé en Argentine, est le premier à enregistrer la
lumière d’un tel événement moins de 3 heures après. Une autre supernova avait été
détecté dans ses premières heures en 2013, mais pas de manière aussi précoce. Idem
en 2006.
L’amateur prend d’autres clichés pendant l’heure et demie qui suit de sorte que les
astronomes professionnels, qu’il a prévenus, disposent des données pour étudier la
montée en luminosité de la supernova au cours de ses premiers instants.
AH, QUE C'EST BEAU, TOUT ÇA !
T'ES PAS D'ACCORD ?