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IN-CRO-YABLE !!

La photo réelle d'un trou noir

Pour obtenir  cette première photo, il a fallu mettre en réseau pas moins de 8 radiotélescopes répartis à travers le Globe pour former dès 2006 un projet fou celui d’un télescope virtuel grand comme la Terre dont l’objectif était bien clair dès le départ : essayer d’obtenir des photos des trous noirs. Treize ans après, c’est fait ! Mais rassembler les données pour en faire une photo a pris tout de même deux longues années, tenant en haleine les curieux du ciel et les astrophysiciens eux même. Il a fallu en effet attendre 4 jours d’une atmosphère limpide – car la vapeur d’eau absorbe aussi les ondes millimétriques, la même longueur d’onde que celle utilisée pour les observations- En avril 2017 une telle aubaine se présentait  et les huit radiotélescopes, chacun muni de leur horloge atomique interne ont pu se tourner vers le trou noir exactement en même temps, à un dix millième de milliardième de seconde près. Deux candidats étaient en vue : M87* et SgrA* (Sagittarius A*), le trou noir supermassif de notre galaxie, la Voie Lactée, situé  "seulement" à 25.000 années-lumière mais 1700 fois moins massif. En effet , Sgr A* a une masse de 4 millions de fois celle du soleil, « seulement ». Finalement après deux années de traitement de données, voici pour la première fois M87* , un vrai trou noir en vrai photo. Reste maintenant à améliorer le système pour que d’autres trous noirs se laissent tirer le portrait.

Comment expliquer la forme de cette image ?

Il faut avoir à l’esprit les effets d’un champ gravitationnel intense sur la lumière, tel que prédits par les travaux d’Einstein. En effet, la gravité d’un objet massif dévie la lumière comme le ferait une lentille. C’est le cas à chaque fois qu’un astre massif se trouve sur la ligne de visée entre l’observateur et  une étoile lointaine. La lumière de l’étoile est déviée et son image paraît déformée. Un trou noir est une lentille gravitationnelle très intense et de ce fait provoque des phénomènes surprenants : par exemple, la lumière émise derrière le trou noir est redirigée par le champ gravitationnel vers l’observateur sur Terre, ce qui nous permet de voir le disque derrière le trou noir. De même à cause de la rotation du disque et du trou noir, l’image semble asymétrique.

Quelle est l’étape d’après ?

L’étape d’après est d’observer à une longueur d’onde plus petite (0,80 mm au lieu de 1,3 mm) pour améliorer encore la résolution angulaire de 35%  et atteindre ainsi 15 microseconde d’arc, soit la taille qu’aurait une bille à jouer posée sur la Lune, vue depuis la Terre.


La galaxie M87

M87 est une galaxie elliptique géante découverte en 1781 par l'astronome français Charles Messiers. Elle est située près de la limite nord de la constellation de la Vierge, non loin de la constellation de la Chevelure de Bérénice, à environ 53 millions d'années-lumière de la Voie Lactée. Messier 87, comme on l'appelle aussi, est la plus grande galaxie elliptique la plus proche de la Terre et l'une des plus brillantes radio-sources du ciel. Elle a donc été l'objet d'observations fréquentes aussi bien des astronomes amateurs que des radioastronomes. Dès 1918, l'astronome états-unien Heber Doust Curtis avait observé ce que l'on comprendra plus tard être un jet de matière, particulièrement fin et collimaté, qui s'étend sur au moins 5.000 années-lumière.

Nous savons que ce jet est produit proche du centre de Messier 87 et, là aussi, tout porte à croire qu'un trou noir supermassif en rotation et accrétant de la matière en est à l'origine. Il y aurait en fait deux jets. Celui qui pointe en direction de la Voie Lactée contient de la matière allant presque à la vitesse de la lumière et il devient plus brillant à cause d'un effet relativiste alors que celui qui doit partir en direction opposée voit sa luminosité grandement diminuée pour la même raison.

M87 est donc un bon laboratoire pour mieux comprendre la physique des disques d'accrétion et la formation des jets relativistes associés à ces disques et aux trous noirs de Kerr et que nous retrouvons derrière des noyaux de galaxies bien plus actifs, en particulier les quasars. Nous voyons aussi des phénomènes dynamiques dans le jet de M87, que nous pouvons suivre dans l'ultraviolet et le domaine des rayons X avec Hubble et Chandra respectivement. L'Event Horizon Telescope devrait nous permettre d'en savoir plus sur ces phénomènes comme l'a prouvé le fait qu'il a fourni en avril 2019 la première image d'un trou noir supermassif que l'on appelle M87* par analogie avec Sagittarius A*, le trou noir supermassif au cœur de la Voie lactée.

Les étoiles dans cette galaxie constituent environ un sixième de la masse totale de M87. Leur distribution est presque sphérique, tandis que leur densité décroît au fur et à mesure que l'on s'éloigne de son cœur. L'enveloppe galactique s'étend sur un rayon d'environ 490 000 années-lumière. Entre ces étoiles, on trouve un milieu interstellaire diffus de gaz enrichi en éléments chimiques produits à la suite de l'évolution stellaire. Toute poussière produite au sein de la galaxie est détruite dans les 46 millions d'années par l’émission de rayons X du cœur, bien que des observations optiques aient révélé des filaments de poussière. Orbitant au sein de la galaxie, on trouve une population anormale d'environ 12 000 amas globulaires, à comparer avec les 150−200 amas globulaires de la Voie Lactée.

Étant la plus grande galaxie elliptique la plus proche de la Terre et l'une des plus brillantes radiosources du ciel, Messier 87 est une cible favorite d'observation pour les astronomes amateurs et d'étude pour les astronomes professionnels.

Pour la première fois une équipe internationale d’astrophysiciens a réussi à obtenir une photo d’un trou noir supermassif M87*, au cœur de la galaxie M87 ! Une première rendue possible grâce à un télescope d’un genre nouveau, l’Event Horizon Télescope.















Késako que cette bébète ?

Oublions les simulations numériques qui nous présentaient jusque-là des images reconstituées de trous noirs ! Place à la vraie photo pour la première fois. Le 10 avril 2019, à 15h exactement, l'équipe a dévoilé à l'échelle mondiale la première photo de M87*, le trou noir supermassif au cœur de la galaxie M87, situé à 55 millions d'années-lumière de la Terre dont la masse équivaut à 6,5 milliards de masses solaires.

Bon, qu'est-ce qu'un trou noir ? Tu brûles de le savoir, explications…

Il a fallu plus d'un demi-siècle après l'élaboration de la théorie de la relativité générale par Einstein en 1915, pour que les trous noirs accèdent au statut d'objet physique. Chez les étoiles, on ne naît pas trou noir, on le devient… en fonction de la masse dont on est doté à la naissance. Seules les plus massives — plusieurs fois la masse du Soleil — finissent en effet en trou noir, après une série "d'effondrements gravitationnels".

Pour comprendre, rappelons qu'une étoile est une boule de gaz, principalement de l'hydrogène, qui se comporte comme une machine à fabriquer des atomes de plus en plus lourds, grâce à des réactions nucléaires de fusion. Au cours de celles-ci, deux noyaux légers fusionnent pour en former un plus lourd : ainsi, à titre d'exemple, quatre noyaux d'hydrogène permettent de former un noyau d'hélium. Ce processus dégage beaucoup d'énergie, ce qui explique pourquoi l'étoile brille.

En son cœur, à tout moment, deux forces sont en concurrence : d’une part, la "pression radiative" due à l’énergie dégagée par la fusion qui tend à dilater l’étoile et à faire baisser la température ; d’autre part, la gravité (le poids) qui la pousse à s’écrouler sur elle-même, augmentant ainsi la température de son cœur pour déclencher la fusion d’éléments encore plus lourds. Toutes les étoiles passent ainsi par une série de dilatations et d’effondrements, mais leur destin diffère. Bon, ça marche, ma cousine ? Continuons…

Examinons deux cas extrêmes : les étoiles dont la masse équivaut à la moitié de la masse solaire se laissent dominer par les forces de pression qui les dilatent et les refroidissent, interdisant ainsi aux réactions nucléaires de se déclencher. Elles deviennent alors des naines brunes — des étoiles "ratées" en somme — car elles ne brillent plus. À l’inverse, celles dont la masse équivaut à plusieurs fois la masse solaire voient leur densité augmenter à force de s’effondrer sur elles-mêmes. Puis dans un dernier sursaut, elles explosent en supernovas et éjectent leur enveloppe dans l’espace. Leur cœur est alors un astre très dense, comme si toute la masse de la Terre se tassait dans une sphère d’un rayon de 1 cm ! Si cette étoile résiduelle a une masse de plus de 3,2 fois celle du Soleil, elle finira en trou noir.

Les satellites ont repéré leurs flots de rayons

Une fois l’existence des trous noirs démontrée, restait encore à les débusquer. Car un objet qui ne laisse échapper ni matière ni lumière est "invisible", donc indétectable ! Heureusement, la matière sur le point d’être avalée connaît une lente agonie : chauffée, déformée, elle tombe dans la gueule du monstre en émettant des flots de rayons de haute énergie (rayonnement de Hawking, ou appelés parfois rayonnement de Bekenstein-Hawking). C’est ce dernier "cri" que les satellites sensibles aux rayons X et gamma ont repéré. Ils ont ainsi permis de découvrir différents types de trous noirs :

Les astrophysiciens les ont découverts aussi dans une époustouflante variété de configurations. La petite galaxie NGC 1277, par exemple, renferme un trou noir supermassif de 17 milliards de masses solaires. Autre "bizarrerie" : NGC 6240 renferme deux trous noirs. Quant à IGR J11014-6103, c’est un astre vagabond. L’explosion de l’étoile en supernova lui a conféré une vitesse folle de plusieurs millions de km/h à travers la galaxie*. Il continue sa route à toute vitesse depuis 15.000 ans, laissant loin derrière lui, dans la constellation de la Carène, sa coquille.


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